Schéma corporel et Image du corps

L’Image Inconsciente du Corps, F.DOLTO, Coll Points/Essais, Editions Seuil 1984

Il s’agit de proposer une approche synthétique de différentes parties de l’œuvre ci-dessus référencée de F. DOLTO.

Aujourd’hui, l’intervention consiste à fixer les différences fondamentales entre schéma corporel et image du corps, afin de pouvoir ensuite aborder la construction de l’image du corps et son devenir (prochaines contributions).

Schéma corporel

  • C’est le schéma fonctionnel, l’outil, le corps, le médiateur entre le sujet et le monde ;
  • Il peut être obéré par des images pathogènes : l’utilisation du corps se trouve entravé par une libido liée à une image corporelle inappropriée, archaïque ou incestueuse ;
  • Il est une réalité de fait, sauf si atteintes organiques précoces (résultant par exemple d’un manque ou d’une interruption de la relation langagière) engendrant des modifications passagères ou durables ;

Rq : Dans la grande majorité des cas, le maintien de la relation langagière dans les situations d’atteintes organiques précoces assure la coexistence d’un corps « infirme » avec une image de corps saine (à condition que cette parole accepte la réalité de l’infirmité)

  • Le schéma corporel spécifie l’individu dans un espace propre : un lieu, une époque, un environnement particulier ;
  • Il est l’interprète actif ou passif de l’image du corps (il est le support d’une objectivisation de relation langagière à l’autre)… Sans lui, cette relation libidinale à l’autre resterait fantasme non communicable ;
  • Il est le même pour tous (au même âge, sous les mêmes climats) ;
  • Le schéma corporel est en partie conscient, préconscient et inconscient ;
  • Il est abstraction d’un vécu du corps dans les 3 dimensions de la réalité (RSI), et se structure par l’expérience et l’apprentissage.

Image du corps

  • Elle est une synthèse vivante des expériences émotionnelles : « incarnation symbolique du sujet désirant, et ce, avant même que le sujet soit capable de dire JE » ;
  • Elle est à chaque moment une mémoire inconsciente de tout le vécu relationnel. En même temps, elle est actuelle et vivante, en situation dynamique, à la fois narcissique et camouflable, ou actualisable dans la relation ici et maintenant, par toute forme d’expression langagière (dessin, modelage, invention musicale, plastique, mimiques, gestes, paroles)
  • Elle est éminemment inconsciente (même si elle peut devenir préconsciente par procédures langagières associatives) ;
  • Elle se structure par la communication entre sujets et est trace, jour après jour, du JOUIR réprimé, frustré, interdit (castration du désir dans la réalité)
  • Elle fait référence à l’imaginaire exclusivement, à l’intersubjectif ; imaginaire, marqué d’emblée par la dimension symbolique ;
  • Elle peut être indépendante du schéma corporel, mais fondamentalement s’y articule par le narcissisme, « originé » dans la « charnalisation » du sujet ;
  • Toujours inconsciente, elle se construit dans la relation d’une image de base, d’une image fonctionnelle et d’une image des zones érogènes (où s’exprime la tension pulsionnelle).

C’est grâce à cette image du corps, portée par -et croisée à- ce schéma corporel que l’individu peut entrer en communication avec autrui. Tout contact à l’autre est sous-tendu par l’image du corps, car c’est dans cette image/support du narcissisme, que le temps se croise à l’espace ; que le passé inconscient résonne dans la relation présente.

Dans le temps actuel, se répète en filigrane toujours quelque chose d’une relation passée. La libido est mobilisée dans la relation actuelle, mais peut s’en trouver réveillée une image de relation archaïque, qui était restée refoulée, et qui fait alors retour.


Alexandra D.MOTSCH-MULLER